L'observation directe — ARBORIO/FOURNIER
III Collecter les matériaux
L'observation sur le terrain porte d'abord sur les pratiques sociales qui s'y déploient, qu'elles soient gestuelles ou verbales. Le sociologue n'en a pas le monopole, mais ce qui fait sa spécificité est son intention : "rechercher ce que la pratique doit à l'immersion de son auteur dans le monde social et ce qu'elle nous dit de son fonctionnement". Présentation des dimensions normatives du contexte, ce qui amène les acteurs à s'orienter ainsi.
Observer: sur quoi porter l'attention?
Sur le cadre contraignant, normatif de la situation : les règles formelles comme les attentes de rôle qu'imposent des conventions, l'examen de l'occupation du temps et de l'espace. Mais aussi les ressources que les acteurs mobilisent dans leur pratique, le sens que les acteurs lui donne.
Quelles facultés solliciter?
Le recours au sens et plus largement à la personne sensible de l'enquêteur qui ressent le contexte (fatigue...). Les guides d'obs. peuvent être utile à condition de ne pas en faire une fin en soi.
- la mémoire. L'exercice de la mémoire est couplé avec le besoin permanent de cohérence, de compréhension et d'interprétation. Elle est aussi couplé à la faculté d'étonnement qui accroche ses sens à des éléments parfois marginaux.
Quelle forme donner aux informations recueillies?
La forme la plus évidente: la description détaillée de ce que l'observateur a vu ou entendu. Aussi souvent que possible, les constats doivent prendre la forme de comptages. On retrouve aussi:
- les chroniques d'activité (partage du temps)
- les cartes de déambulation (partage de l'espace)
- les fiches biographiques sur les acteurs (sexe, âge, statut dans la situation, hexis, choix vestimentaires, pratiques langagières...).
- un lexique indigène
- des conversations. La parole comme pratique sociale.
Noter, enregistrer
Reprendre ses notes plusieurs fois
3 types:
- les notes repères. Ce sont les premières notes prises sur le vif. Deviennent explicites plus tard.
- le journal de terrain. Document où sont consignées les observations faites sur le terrain au jour le jour.
- le journal d'après-journal. Ecrit sur le vif du premier retour aux notes de terrain pour préciser, réagir, éclaircir ces premières formulations.
Laisser se mêler différents types de notes
Les notes repères sont homogènes, elles se présentent sous la forme de liste. Dans les autres documents, on trouve:
- des notes descriptives
- des réflexions personnelles
- des notes d'analyse
Le meilleur premier classement des notes reste celui de la chronologie.
Le travail d'observation peut apparaître comme une "occupation industrieuse et obsessionnelle" qui relève d'un "geste artisan, lent et peu rentable", qui, tout comme le travail d'archives pour l'historien, "fait parfois mal à l'épaule en tiraillant le cou" (Farge).
IV Vers l'analyse
Il s'agit maintenant de dresser un bilan de ces premières analyses et de systématiser la démarche pour en produire de nouvelles, totalisantes.